LES DOPANTS
LISTE DE REFERENCE DES CLASSES DE SUBSTANCES ET METHODES DOPANTES INTERDITES
La France reconnaît la liste de référence des classes pharmacologiques d'agents de dopage et de méthodes de dopage interdites adoptée et révisée par le groupe de suivi de la Convention contre le dopage du Conseil de l'Europe.
Afin d'aider les sportifs et de prévenir un mésusage, une traduction de cette liste de référence en spécialités pharmaceutiques françaises est réalisée par le ministère de la Jeunesse et des Sports en collaboration avec l'Agence du Médicament.
Cette liste indicative et non exhaustive
est disponible au Ministère de la Jeunesse et des Sports et sur internet :
http
: //www.jeunesse-sports.gouv.fr.
Avant d'utiliser un médicament, il est impératif de :
Une Antenne Médicale de Lutte
contre le Dopage
est ouverte 57 bd de Metz 59037 LILLE Cedex
(lundi au vendredi de 9 h à 12 h)
Tel : 03 20 44 60 98
I. - CLASSE DE SUBSTANCES INTERDITES
Aucune des substances appartenant aux classes interdites
ne peut être utilisée même si elle n'est pas citée en exemple.
C'est la raison pour laquelle l'expression "et substances apparentées" est introduite. Cette expression fait référence aux substances qui sont apparentées à la classe en question par leurs effets pharmacologiques et/ou leur structure chimique.
A. STIMULANTS
Les substances interdites appartenant à la classe (A) comprennent les exemples suivants : Amineptine, amiphénazole, amphétamines, bromantan, caféine(*), carphédon, cocaïne, éphédrines, fencamfamine, mésocarbe, pentétrazol, pipradol, salbutamol(**), salmétérol(**), terbutaline(**) et substances apparentées.
(*) Pour la caféine, la définition d'un résultat positif dépend de la concentration de caféine dans l'urine. La concentration dans l'urine ne peut dépasser 12 microgrammes par millilitre.
(**) Substance autorisée par inhalation uniquement lorsque son utilisation est déclarée par écrit à l'autorité médicale compétente par un médecin d'équipe ou un pneumologue.
= Les stimulants accroissent la concentration, l'attention, réduisent la sensation de fatigue, et augmentent l'agressivité. Ils sont responsables non seulement d'une stimulation au niveau du cerveau, mais peuvent également augmenter le débit cardiaque et la fonction respiratoire.
Les stimulants les plus utilisés sont les amphétamines, la cocaïne, la caféine, l'éphédrine et les produits dérivés.
Les effets nocifs sont focalisés sur le système cardio-vasculaire, neurologique, pouvant entraîner, à la longue, des troubles psychiatriques (agressivité, nervosité, troubles caractériels). Le dépassement du seuil physiologique de la fatigue va entraîner des asthénies secondaires pouvant aller jusqu'à l'épuisement.
B. NARCOTIQUES
Les substances interdites de la classe (B) comprennent les exemples suivants : Dextromoramide, diamorphine (héroïne), méthadone, morphine, pentazocine, péthidine, et substances apparentées.
La codéine, le dextrométhorphane, le dextropropoxyphène, la dihydrocodéine, le diphénoxylate, l'éthylmorphine, la pholcodine et le propoxyphène sont autorisés.
= Utilisés comme analgésiques majeurs, ils entraînent de nombreux effets secondaires: risques de dépression respiratoire, d'accoutumance et de dépendance. Ils entraînent également une diminution de la concentration et de la capacité de coordination.
C. AGENTS ANABOLISANTS
Les substances interdites appartenant à la classe (C) comprennent les exemples suivants :
1. - Stéroïdes anabolisants androgènes
Androstènedione, clostébol, déhydroépiandrostérone (DHEA), fluoxymestérone, métandiénone, méténolone, nandrolone, oxandrolone, stanozolol, testostérone(*) et substances apparentées.
2. - Bêta-2 agonistes
Lorsqu'ils sont administrés de façon systémique, les bêta-2 agonistes peuvent avoir de puissants effets anabolisants :
Clenbutérol, fénotérol, salbutamol, salmétérol, terbutaline et substances apparentées.
= Les stéroïdes anabolisants sont des dérivés de synthèse de la testostérone, l'hormone sexuelle mâle. Ils sont utilisés par certains sportifs afin d'augmenter leur masse musculaire et leur puissance physique. L'utilisation prolongée d'anabolisants provoque des troubles hormonaux, cardio-vasculaires, des modifications hépatiques fonctionnelles et cancers du foie, ainsi que des ruptures des tendons fréquentes.
Chez l'homme, ils induisent une atrophie testiculaire, des lésions prostatiques, impuissance et une stérilité possible réversible ou non...
Chez la femme, ils entraînent une masculinisation importante et irréversible avec apparition de poils, mue de la voix, arrêt du cycle menstruel.
Par ailleurs, les stéroïdes anabolisants agissent sur la sphère psychiatrique et peuvent être à l'origine de troubles du comportement très graves. Ils provoquent des changements d'humeur, irritabilité, perte de contrôle et accès de colère...
La consommation d'anabolisants est souvent liée à une polyconsommation
D. DIURETIQUES
Les substances interdites appartenant à la classe (D) comprennent les exemples suivants : Acétazolamide, acide étacrynique, bumétanide, chlortalidone, furosémide, hydrochlorothiazide, mannitol(*), mersalyl, spironolactone, triamtérène et substances apparentées.
(*) Substance interdite si administrée par injection intraveineuse.
= Les diurétiques sont des médicaments qui favorisent l'excrétion rénale d'ions sodium et d'eau.
Les effets recherchés sont :
L'utilisation non médicale des diurétiques peut être très dangereuse. Il faut savoir par ailleurs que la déshydratation empêche de réaliser de bonnes performances. On soulignera que des pertes d'eau peuvent provoquer des défaillances cardiaques et rénales, pouvant entraîner la mort.
E. HORMONES PEPTIDIQUES ET ANALOGUES
Les substances interdites appartenant à la classe (E) comprennent les exemples suivants:
1. - Gonadotrophine chorionique (hCG - gonadotrophine chorionique humaine) ;
2. - Corticotrophine (ACTH) ;
3. - Hormone de croissance (hGH - somatotrophine) ;
Tous les facteurs de libération respectifs (et leurs analogues) des substances susmentionnées sont également interdits.
4. - Erythropoïétine (EPO).
= HORMONE DE CROISSANCE (GH)
L'hormone de croissance (GH) est responsable de la croissance du squelette et des organes et des muscles. Elle peut être obtenue par prélèvement sur des cadavres humaines ou synthétisée par génie génétique. Son emploi est strictement réservé à l'usage hospitalier.
La prise répétée de GH par ses effets anabolisants entraîne une augmentation de la masse musculaire sans augmentation de la masse graisseuse. Il en résulte une amélioration de la force et de la vitesse de contraction musculaire.
Les effets secondaires sont nombreux et très dangereux :
croissance anormale des organes entraînant des maladies graves.
hypertrophie osseuse (poignets, genoux, chevilles, mains et pieds)
déformation irréversible du visage et de la tête, par augmentation du volume des os du crâne;
Au niveau cardio-vasculaire, apparition d'une hypertension artérielle et d'une insuffisance cardiaque responsable de décès.
La GH provoque également des troubles métaboliques (diabète...).
La GH prélevée sur des cadavres humains peut entraîner également la maladie mortelle de Creutzfeld-Jacob.
= ERYTHROPOIETINE (EPO)
L'Epo est une hormone naturelle d'origine rénale qui stimule dans la moelle osseuse la production des cellules précurseurs des globules rouges.
L'Epo retrouvée dans diverses spécialités pharmaceutiques est synthétisée par génie génétique.
Son indication thérapeutique est essentiellement limitée à la correction des anémies de l'insuffisance rénale. La concentration accrue de globules rouges résultant d'une prise d'Epo améliore le transport et la captation d'oxygène au niveau des muscles et permet une amélioration de la puissance aérobie des sujets.
Cependant la prise d'Epo augmente considérablement la viscosité sanguine. Les risques d'hypertension et de thrombose par obstruction des vaisseaux au niveau pulmonaire ou cardiaque sont importants. Des cas de mort subite directement liés à des prises d'Epo ont été enregistrés.
II. - METHODES INTERDITES
A - Dopage sanguin
Le dopage sanguin est l'administration de sang, de globules rouges ou de produits apparentés à un athlète. Cette procédure peut être précédée d'une prise de sang sur l'athlète qui continue ensuite son entraînement dans un état d'insuffisance sanguine.
B - Manipulation pharmacologique, chimique ou physique
La manipulation pharmacologique, chimique ou physique est l'usage de substances et de méthodes qui modifient, tentent de modifier ou risquent raisonnablement de modifier l'intégrité et la validité des échantillons d'urine utilisés lors des contrôles de dopage.
La réussite ou l'échec de l'utilisation d'une substance ou d'une méthode interdite n'est pas essentielle.
Il suffit que l'on ait utilisé ou tenté d'utiliser ladite substance ou méthode
pour que l'infraction soit considérée comme consommée.
III. - CLASSE DE SUBSTANCES SOUMISES A CERTAINES RESTRICTIONS
A. ALCOOL
Qu'il s'agisse d'un usage aigu ou chronique, les sportifs ne sont pas à l'abri des abus d'alcool. L'alcool est un dépresseur du système nerveux central et il entraîne une détérioration des facultés psychomotrices, ce qui n'est pas compatible avec la performance. En accord avec les fédérations internationales et les autorités responsables, des tests antidopage peuvent être effectués.
B. MARIJUANA
Le cannabis entraîne une excitation et une phase d'exaltation sensorielle appelée "ivresse cannabique", aboutissant rapidement à une désorientation temporospatiale, puis à une phase de dépression, puis de sommeil.
L'utilisation répétée et habituelle de cannabis aboutit à un phénomène d'apathie avec diminution des réflexes, désintérêt et démotivation.
Le cannabis a des effets négatifs sur la performance sportive : fumer un joint augmente la fréquence cardiaque de repos et d'effort entraînant une moins bonne adaptation à l'exercice et une récupération plus longue.
Par ailleurs, on observe également une diminution de l'attention et de la concentration, une diminution de l'attention et de la concentration, une diminution de la coordination et de la motricité, perturbant les prises de décision et les choix tactiques.
A petites doses, les effets désinibants et anxiolytiques du cannabis peuvent tenter certains sportifs. En accord avec les fédérations internationales et les autorités responsables, des tests antidopage peuvent être effectués. En France, ce contrôle est systématique.
C. ANESTHESIQUES LOCAUX
L'injection d'anesthésiques locaux est autorisée aux conditions suivantes :
a) la bupivacaïne, la lidocaïne, la mépivacaïne, la procaïne, etc., peuvent être utilisées mais pas la cocaïne. Des agents vasoconstricteurs (par exemple adrénaline) peuvent être utilisés en conjonction avec des anesthésiques locaux ;
b) ne pratiquer que des injections locales ou intra-articulaires ;
c) uniquement lorsque l'application est médicalement justifiée.
En accord avec les fédérations internationales de sports et les autorités responsables, il pourra s'avérer nécessaire de notifier l'usage autorisé d'anesthésiques locaux sauf en cas d'application dentaire. Le dossier incluant le diagnostic, la dose et la méthode d'administration doit être soumis par écrit à l'autorité médicale compétente avant la compétition ou immédiatement après l'injection si la substance a été administrée durant la compétition.
= Les anesthésiques locaux sont de substances qui empêchent le déclenchement et/ou la transmission de l'influx nerveux. Ils sont utilisés dans le sport afin de pouvoir participer à une compétition malgré la douleur.
En cas de surdosage : ils peuvent entraîner des troubles de la conscience, nervosité, agitation, tremblements, céphalées, nausées, convulsions. Des cas de dépression respiratoire, des troubles du rythme et de la conduction cardiaque ont également été décrits.
En cas d'injection intravasculaire accidentelle : les anesthésiques entraînent des tremblements, crampes musculaires, convulsions, défaillance cardiaque, et apnée par insuffisance respiratoire.
D. CORTICOSTEROIDES
L'usage des corticostéroïdes est interdit si ce n'est :
A- en application locale (anale, auriculaire, dermatologique, nasale ou ophtalmologique) mais non par voie rectale ;
B- par inhalation ;
C- par injection intra-articulaire ou locale.
Une notification obligatoire des athlètes demandant, durant la compétition, des corticostéroïdes par inhalation pour le traitement de l'asthme a été introduite.
Tout médecin d'équipe qui désire administrer des corticostéroïdes par injection locale ou intra-articulaire, ou par inhalation, à un concurrent doit le notifier par écrit avant la compétition à l'autorité médicale.
= Ce sont les substances anti-fatigue par excellence. Ils ont une action psychostimulante et anti-inflammatoire.
Par ailleurs, les corticoïdes augmentent la tolérance à la douleur et permettent de poursuivre un effort qui serait insupportable dans des conditions normales. Ces substances provoquent une fragilité tendineuse et des déchirures musculaires, des infections locales et générales.
Les symptômes vont de la simple fatigue chronique avec une chute des performances à une défaillance cardio-vasculaire pouvant conduire au décès.
L'administration de corticoïdes à long terme entraîne une augmentation des risques coronariens, d'accidents vasculaires et de fractures de fatigue. De plus les corticoïdes ont un effet diabétogène majorant le risque cardio-vasculaire.
E. BETA-BLOQUANTS
Les bêta-bloquants comprennent les exemples suivants :
Acébutolol, alprénolol, aténolol, labétalol, métoprolol, nadolol, oxprénolol, propranolol, sotalo et substances apparentées.
En accord avec le règlement des fédérations internationales de sports, des tests seront effectués dans certains sports, à la discrétion des autorités responsables.Les résultats peuvent entraîner des sanctions.
= Les bêta-bloquants sont des médicaments qui régulent et ralentissent le rythme cardiaque. Ils permettent une diminution des tremblements et ont également un effet "anti-stress".
Ils sont le plus souvent utilisés dans les sports d'adresse et de précision.
Parmi leurs effets secondaires, notons les troubles du rythme cardiaque, le risque de dépression psychique et surtout l'impuissance sexuelle en cas d'utilisation habituelle et répétée.
RESUME DES REGLES CONCERNANT LES SUBSTANCES
QUI NECESSITENT UNE NOTIFICATION ECRITE
DE LA PART D'UN MEDECIN
Substances
|
Interdites
|
Autorisées avec notification
|
Autorisées Sans notification
|
Certains béta-agonistes*
|
s par
voie orale |
s par
inhalation
|
r
|
Corticostéroïdes
|
s
par voie orale
s par injection systémique s par voie rectale |
s par
inhalation
s par injection locale s par injection intra articulaire |
s en
application locale (anale, auriculaire, dermatologique, nasale ou ophtalmique)
|
Anesthésiques locaux**
|
s par
injection systémique
|
r
|
s en
application dentaire
s par injection locale*** s par injection intra-articulaire*** |
* le salbutamol, le salmétérol, la terbutaline.Tous les autres béta-agonistes sont interdits.
** à l'exception de la cocaïne qui est interdite
*** en accord avec certaines Fédérations Internationales de sports, une notification peut s'avérer nécessaire dans certains sports.
Source : mission de la médecine du sport et de la lutte antidopage
Ministère de la Jeunesse et des Sports
PETIT RAPPEL
Ne consommez aucun médicament même anodin sans avoir consulté : un spécialiste ou la liste des produits interdits
Avertissez tout médecin, dentiste ou pharmacien consulté de votre état de sportif et des restrictions médicamenteuses entraînées.
Méfiez-vous : un médicament autorisé sous une forme peut très bien être interdit sous une autre. Certaines préparations nutritionnelles à base de plantes peuvent contenir des substances prohibées.
Soyez très vigilants avec les médicaments que vous ne connaissez pas, en particulier à l'étranger.
N'acceptez jamais d'avaler des produits non conditionnés
ou sans nom apparent quelle que soit la personne qui vous les propose.